L’étiquette Art Martial dont on pare l’Aïkido conduit souvent à une méconnaissance de cet art. En effet, l’Aïkido se distingue de la plupart des arts martiaux par au moins deux points capitaux.
l’absence de compétition.
La recherche de la victoire conduit un jour ou l’autre à la défaite. Les plus grands champions trouvent toujours leur maître. De plus lorsqu’il y a un vainqueur, il y a aussi un vaincu pour qui la défaite est humiliante.
L’Aïkido échappe au dualisme victoire-défaite. Il ne cherche pas à se situer par rapport aux autre, mais par rapport à lui même, en fonction de ses capacités, de son âge, de ses problèmes propres. Il peut ainsi juger de ses progrès réels. Le but de l’Aïkido n’est pas de sélectionner une élite, mais de permettre à chacun de découvrir en lui une force intérieure qui lui permettra de vaincre ses peurs et lui apportera calme, sérénité et confiance en lui.
Le Refus de la Violence
Je condamne la violence de mon agresseur,il serait malhonnête de lui faire subir ma violence. De plus il n’est pas de problèmes qui se règlent par la violence. Le vaincu rêve de revanche, et l’on entre dans un cercle vicieux. Alors que faire ? L’agressivité de mon partenaire n’a de sens que si elle rencontre une opposition. Son coup n’a de sens que s’il me touche. C’est pourquoi je fais le vide devant lui. Son agressivité devenue stérile
disparaît alors d’elle même. Le travail en Aïkido consiste donc à esquiver, à contrôler, à canaliser l’agressivité sans la bloquer, de façon à ne pas être détruit mais aussi à ne pas détruire. L’Aïkido est basé sur le respect de la vie. C’est pourquoi certains Maîtres n’hésitent pas à dire que l’Aïkido est un “anti-art martial”.
Aïkido réconciliation du corps et de l’esprit
En occident, nous sommes les enfants du Cartésianisme. Nous cultivons l’intelligence, mais notre corps est malade. Il est la proie de blocages, de tensions. Ainsi nous comprenons beaucoup de choses avec notre esprit, nous approuvons ou élaborons de très belles théories, mais lorsqu’il faut mettre en actes ces paroles, c’est moins évident… Les bibliothèques sont pleines de livres que l’on vénère et qui renferment de nobles pensées philosophiques, mais ces livres dorment. Et sur le terrain, les hommes se haïssent et se tuent: Il y a discorde entre le corps et l’esprit
. La pratique de l’Aïkido permet de réconcilier le corps et l’esprit.Le débutant s’inscrit souvent dans un cours pour apprendre à se défendre. Son professeur lui dit alors que dans un premier temps l’ennemi à vaincre n’est pas à l’extérieur, mais en lui. La seule compétition en Aïkido c’est contre soi-même. Il faut d’abord trouver son équilibre, réconcilier corps et esprit. Le débutant prend d’ailleurs rapidement conscience de ce dualisme: en effet, il voit les mouvements que montre son professeur, il les comprend, mais son corps est incapable de les effectuer. Il se sait inefficace et en souffre.
La première étape consiste donc à débloquer son corps, à éliminer tensions et blocages. Peu à peu le corps, soutenu par la pensée se meut, le mouvement nait, mais l’intellect est toujours présent. Les mouvements sont encore gauches, heurtés.
La deuxième étape consiste, par la répétition inlassable des mêmes techniques à faire en sorte que l’esprit décroche. Le mouvement devient plus pur, moins heurté. Le pratiquant a rendu son corps intelligent. Le geste est spontané. L’esprit est calme, serein, disponible. L’efficacité apparaît mais paradoxalement elle n’intéresse plus l’Aïkidoka qui se sent plus sûr de lui et donc a moins de choses à prouver. Il est maître de sa technique. Il est passé du stade de la compréhension au stade de la sensation. Le Maitre ne dit-il pas «sentir est plus fort que comprendre » ?
Dans la troisième étape le réveil du corps permet à l’esprit d’être plus libre. Le corps n’est plus une entrave, mais un tremplin pour l’esprit. L’Aïkidoka ressent par son corps, que ses gestes, son comportement physique ont un prolongement spirituel. La pratique de l’esquive, l’art de canaliser les énergies sans les bloquer, le fait d’être physiquement disponible, réceptif, lui font découvrir une philosophie de paix, de non-violence, d’altruisme. Les mots que le débutant entend, apprécie et comprend avec sa tête, lui les ressent au plus profond de son être. Il n’y a plus à ce stade décalage entre le corps et l’esprit. Ils font un. L’A£ikidoka est devenu un homme total. Du fait de la transformation qui s’est effectuée en lui il a découvert une autre manière de voir les choses , un art de vivre différent.
Les bienfaits de l’Aïkido sur la santé.
L’aïkido peut être pratiqué par tout le monde sans ségrégation quelconque (sexe, âge, gabarit, poids…). Même les plus faibles participent à cette activité qui est une » école du respect de l’autre et de la nature « .
Chuter et se relever tout le temps ainsi que garder une attitude droite vont muscler le dos et offrir une silhouette plus élancée. Les articulations, plus lubrifiées et les muscles très sollicités restent souples et freinent l’apparition de certaines douleurs (mal de dos pour les sédentaires au bureau). Le squelette se raffermit au fur et à mesure des chutes, limitant ainsi, les risques de fractures notoires.
Face à une situation d’agression par exemple avec une arme, on parvient à effacer sa peur en libérant une action sans opposition avec souplesse. Intérieurement, nous changeons face aux autres que nous abordons avec plus d’assurance et de stabilité émotionnelle. Contrairement aux autres activités sportives, l’aïkido peut être pratiqué même en prenant de l’âge, au moment où nos forces nous abandonnent peu à peu. L’aïkido devient alors, un art de vivre s’intégrant dans notre quotidien. Il révèle en nous un étudiant patient qui progresse à son rythme en entretenant ses muscles et en prenant soin de son équilibre global.
Mais il découvre aussi que pour lui l’Aïkido commence…